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DGA France annonce l’acquisition de EH&A, cabinet leader en gestion de crises

Paris, France – 18 septembre 2024 : DGA France annonce aujourd’hui l’acquisition de EH&A, un cabinet de référence en gestion de crise. Cette acquisition marque une nouvelle étape dans le développement de DGA en France, en renforçant l’offre de services proposés aux clients et en intégrant une double expertise indispensable dans un monde de plus en plus complexe et incertain.

Avec cette acquisition, DGA combine désormais son influence stratégique reconnue par 35 ans d’activités en France avec l’expertise unique de EH&A en préparation et gestion de crises. « Cette acquisition est plus qu’un simple renforcement de notre offre ; c’est une réponse stratégique aux défis de demain. Nous nous engageons à fournir à nos clients les outils nécessaires pour anticiper, influencer, et résister aux turbulences de l’avenir » a déclaré Erwann Le Page, Directeur Général de DGA.

En intégrant les compétences d’EH&A en gestion de crises, DGA se positionne désormais comme un partenaire stratégique capable de naviguer avec agilité dans les contextes les plus imprévisibles, qu’il s’agisse d’anticiper les évolutions politiques et sociétales, de gérer les situations de crise ou d’influencer les décisions critiques. « Dans un monde où l’incertitude est devenue la norme, il est essentiel de pouvoir compter sur un partenaire capable de combiner une influence stratégique avec une résilience opérationnelle, » souligne Emmanuelle Hervé, Fondatrice et Directrice Générale de EH&A Consulting, qui rejoint DGA en qualité d’associée.

« Nous nous réjouissons d’accueillir les équipes et le savoir-faire exceptionnel de EH&A pour faire bénéficier dès aujourd’hui nos clients de ces nouvelles synergies et les aider à préparer l’avenir. » conclut Deborah Scott, co-fondatrice de DGA et Directrice EMEA.  

A propos de DGA Group

DGA Group est un cabinet de conseil mondial qui accompagne ses clients dans la protection et la croissance de leurs actifs dans un environnement des affaires de plus en plus complexe. Conscients des défis et des opportunités d’un monde toujours plus réglementé et interconnecté, nous mettons à profit l’expertise de notre équipe, notamment celle d’Albright Stonebridge Group, leader en stratégie mondiale et diplomatie commerciale et d’INTEREL en affaires publiques (acquis en 2022). Grâce à un réseau étendu de consultants en communication, affaires publiques, relations gouvernementales et intelligence économique, nous aidons nos clients à naviguer et à influencer les enjeux politiques, réputationnels et financiers à l’échelle mondiale.

A propos de EH&A

Créé en 2015, EH&A est un cabinet spécialisé en communication sensible et gestion de crise. Le cabinet accompagne les directions des entreprises et institutions dans la gestion de crises déclarées, en préservant leur réputation et en gérant la communication vers les parties prenantes, notamment grâce à une expertise en crise 2.0. EH&A intervient également en amont pour préparer les équipes à la gestion de crise dans divers secteurs, notamment l’industrie, la pétrochimie, le BTP, l’agroalimentaire et la pharmacie. L’entreprise opère en France, en Afrique, Amérique Latine et au Moyen-Orient, en français et en anglais.

Le saviez-vous : shrinkflation

La Shrinkflation, ce n’est pas le moment de se faire prendre ! 

Le saviez-vous fait un point aujourd’hui sur le phénomène de shrinkflation ou réduflation en français. Cette stratégie commerciale consiste à stabiliser ou augmenter le prix d’un produit tout en diminuant la quantité vendue. Cette méthode permet donc aux entreprises de dissimuler une hausse des prix en jouant sur la quantité. Si cette pratique fait polémique au sein des consommateurs, elle reste toutefois légale. Tant que l’information communiquée aux consommateurs est juste, les entreprises sont dans leur droit de changer le grammage ou le prix du produit en question. Les industriels agroalimentaires, cependant, ne commentent pas sur ces changements, seuls les étiquettes sont modifiées. 

L’association Foodwatch dénonce cette pratique et demande aux industriels de faire preuve de transparence et de communiquer sur leur stratégie commerciale, sans quoi, le lien de confiance avec les consommateurs pourrait être définitivement rompu. 

En avril 2018, au Maroc, un large mouvement s’est soulevé pour contester la hausse des prix de certains produits. Alors qu’au départ ni les autorités marocaines ni les entreprises ont pris ce soulèvement au sérieux, le mouvement a rapidement pris de l’ampleur et les entreprises ont vu leur chiffre d’affaires diminué drastiquement dans les mois qui ont suivi le boycott. L’un des P-DG s’est même rendu sur place pour essayer de régler le problème. Son entreprise décide alors d’une meilleure transparence des prix et des coûts de ses produits. Si ce cas marocain n’est pas un exemple de shrinkflation, il éclaire tout de même sur la façon dont la réputation d’une entreprise peut être entachée à travers sa politique commerciale. Aujourd’hui, de nombreuses personnes partagent et dénoncent sur les réseaux sociaux cette pratique de shrinkflation. Les produits et les marques, utilisant la méthode commerciale controversée, sont largement connus des consommateurs. Les risques de boycott et de bad buzz sont donc de plus en plus important d’autant plus que le contexte économique devient préoccupant. Plusieurs chaînes télévisées ont, par ailleurs, diffusées des reportages ou des émissions sur cette pratique. C’est le cas de France2 et de Capital sur M6.

En effet, si dans les supermarchés, le phénomène de shrinkflation se fait connaître petit à petit, le marché de l’énergie subit une crise similaire. La guerre en Ukraine et les sanctions mises en place contre la Russie ont contribué à cette difficulté d’approvisionnement de l’énergie et de hausse des prix. Le grand public a donc largement été informé par les autorités publiques de l’augmentation des coûts de l’énergie et des efforts à effectuer. Emmanuel Macron et Elisabeth Borne incitent les citoyens à utiliser l’énergie de manière responsable. “Si nous savons faire des économies d’énergie partout, il n’y aura pas de rationnement et pas de coupure. Il n’y a pas de fatalité” a déclaré le Président français. GRTGaz a aussi ajouté que “des situations de tension pourraient toutefois se développer en cours d’hiver. Pour les prévenir, une sobriété en gaz et en électricité est indispensable dès maintenant afin de limiter les risques de réductions imposées de la consommation qui concerneraient seulement les grands consommateurs ». 

La hausse combinée des produits du quotidien et de l’énergie provoque de nombreuses crises sociales partout en Europe. Retour des “Gilets jaunes” en France, manifestation à Dublin ou encore en Allemagne. Au Royaume-Uni et en Italie, les citoyens ont décidé d’arrêter de payer leurs factures de gaz et d’électricité. Une pétition, du mouvement “Don’t pay UK”, a déjà été signée par 18 000 personnes. 

Cette atmosphère anxiogène n’est pas en faveur des entreprises qui tentent d’augmenter leurs prix de façon dissimulée. Les consommateurs sont effectivement davantage renseignés et hésitent de moins en moins à partager leur mécontentement. 

Dans le contexte économique déjà difficile, les entreprises prennent encore plus de risques en développant des stratégies commerciales controversées, pour leur réputation et donc leur chiffre d’affaires.

Conflit autour de l’usage de l’eau

L’expansion frénétique des data centers et la réalité frappante du réchauffement climatique obligent les industriels à repenser leur stratégie de refroidissement.

Les data centers concentrent aujourd’hui 1% de la consommation globale d’électricité et pourraient représenter 3% de cette consommation en 2030. Ils sont également responsables de 0,3% des émissions de dioxyde de carbone.

L’électricité utilisée sert à faire tourner les infrastructures, mais surtout à refroidir les serveurs via la climatisation. Pour limiter leur consommation énergétique, les data centers se tournent de plus en plus vers le water cooling. Ce procédé de refroidissement favorise ainsi l’eau froide à la climatisation. Il entretient cependant une dépendance supplémentaire à cette ressource, qui se rarifie du fait des hausses des températures et de son utilisation excessive dans les différentes industries. Sa rareté devient forcément un facteur de crise. 

Le saviez-vous s’intéresse ici aux évolutions techniques en cours de développement ou déjà mises en œuvre pour réduire la consommation d’eau dans les data centers. En effet, avec les nombreux épisodes de canicule et de sécheresse qu’ont subie la France et l’Europe durant l’été, la question des restrictions d’eau risque de s’imposer pour plusieurs secteurs industriels. La priorité étant donné à la consommation des particuliers et de l’agriculture, les entreprises industrielles seront les premières pénalisées. 

La consommation en eau est ainsi répartie en France : 45% pour l’agriculture, 31% pour le refroidissement des centrales électriques, 21% pour l’eau potable et 4% pour l’usage industriel.  

Pour faire face à ce défi, les opérateurs de centre de données européens se sont réunis pour mettre au point le Climate Neutral Data Centre Pact (CNDCP), s’engageant ainsi à porter davantage d’attention à l’usage de l’eau au sein de leurs installations.  

Dans ce contexte crisogène, les opérateurs des data centers doivent prendre en compte différents éléments : la géographie, la technologie et l’année de construction des data centers. Ces conditions sont essentielles dans la gestion des risques et la planification, lors de la conception et de la maintenance de ces installations.

I – La géographie :

Le choix du lieu d’installation d’un centre de données influence fortement la technologie de water cooling utilisée. Lorsque le data center se situe à proximité d’un point d’eau (mer, réserve aquifère…), le refroidissement est opéré par pompage. Eolas, à Grenoble, utilise la nappe phréatique pour refroidir ses centres et a fait évoluer son indice d’efficacité énergétique à 1,2. Interxion déploie du river cooling depuis 2010 et s’est même lancé en 2016 dans le river cooling à l’eau tiède à Marseille, en puisant l’eau d’une ancienne galerie minière. Cela a permis de réduire le Power usage effectiveness à 1,2 alors que la plupart des data centers ont un taux de 1,7.

A l’inverse, les centres, ne pouvant pas bénéficier d’un apport hydrique externe, fonctionnent à l’aide d’un circuit d’eau fermé. Ce procédé représente toutefois une menace pour l’environnement : certains opérateurs décident de purifier l’eau avec des produits chimiques extrêmement toxiques qui impactent les écosystèmes quand ils sont déversés dans les rivières après usage.

En parallèle de ces catastrophes écologiques, certaines technologies de refroidissement peuvent avoir des conséquences sur la santé des habitants aux alentours. Par exemple, en Amérique du Nord, le refroidissement se fait principalement par voie humide (ces grandes fumées que l’on voit sortir des cheminées des usines). En plus d’une consommation très élevée en eau, cette pratique engendre des épidémies de légionellose, une infection pulmonaire. En 2012, à Édimbourg, les cas de légionelloses, liés à cette méthode de water cooling, ont provoqué le décès de 92 personnes. Par conséquent, plusieurs data centers stratégiques pour les établissements de services financiers écossais ont été fermés.

Les températures inégalées de cet été au Royaume-Uni ont provoqué plusieurs pannes techniques au sein des infrastructures de refroidissement, montrant à nouveau l’impact du réchauffement climatique. Ce phénomène a engendré des taux d’erreur élevés, des latences ou des services indisponibles pour certains clients de Google et d’Oracle, les principales entreprises de données. Ces deux entités ont même décidé de mettre hors tension des serveurs pour éviter tout dommage à long terme pour leurs clients. Cette action a entraîné l’indisponibilité de certaines ressources, services et machines virtuelles, aboutissant à l’arrêt des sites web de certains clients malchanceux.

II – Les technologies de refroidissement :

Comme nous l’avons vu, la géographie influence grandement la technologie que l’entreprise peut adopter. Ainsi, par souci d’économie, certaines entreprises peuvent décider d’utiliser des technologies moins performantes sur le plan énergétique, avec de potentielles retombées sur la santé des habitants.

Un procédé semble cependant remédier aux problèmes de consommations élevées en électricité et en eau ainsi que sur l’impact écologique : le système adiabatique. Cette méthode consiste à recourir à l’évaporation d’une eau préalablement purifiée pour faire baisser la température à l’intérieur de la pièce où s’activent les serveurs.

La technologie adiabatique est l’une des solutions de refroidissement les plus efficaces, qui peut être facilement généralisée. Elle est notamment utilisée par Scaleway, le numéro 2 français du cloud. Depuis 2017, l’entreprise assure alimenter ses data centers à partir d’énergie 100% renouvelable.

Alors qu’en France le Water use efficiency (l’utilisation efficace de l’eau) est en moyenne de 1,8 litres pour 1kWh pour un data center classique, Scaleway indique un taux inférieur à 0,15 litre. Arnaud de Bermingham, fondateur de Scaleway, partage dans un tweet que le système de refroidissement du data center DC5 a réussi à réduire la température de 9 degrés en utilisant seulement 3 grammes d’eau. Ainsi, le centre DC5, l’un des plus grands de France et en service depuis 2018, atteste aujourd’hui d’une empreinte environnementale parmi les plus basses d’Europe. 

Près de 40% d’énergie est économisée par les data centers qui ont recours à cette méthode, en comparaison avec ceux utilisant un système de climatisation.

III – L’âge des data centers et compensation de la consommation :

Par ailleurs, les site accueillant les centres de données sont conçus pour des périodes de 20 à 25 ans. De fait, si un site construit il y a 5 ans n’a pas été conçu pour économiser l’eau, il est impensable de le mettre hors ligne pendant une durée prolongée afin d’améliorer le système de refroidissement. La seule solution pour ces derniers est alors d’avoir recours à une utilisation plus raisonnée de la ressource hydrique : recyclage de l’eau, recours à une eau non potable…

Ailleurs dans le monde, Google a développé différentes techniques pour compenser sa consommation d’eau : collecteurs de pluie à Dublin, élimination de plantes très consommatrices d’eau dans les montagnes de  San Gabriel… Des systèmes d’irrigation de gouttes à gouttes ajustée aux conditions climatiques sont également développés pour rendre les écosystèmes plus résilients face au stress hydrique. L’entreprise souhaite ainsi réapprovisionner 120% de sa consommation d’eau. Cette question de l’utilisation de l’eau est capitale pour le géant Google qui a consommé plus de 12 milliards de litres d’eau rien qu’en 2019.

Les data centers, plus qu’un potentiel économique, sont essentiels pour le fonctionnement de notre économie digitalisée. Alors que stocker nos données relèvent de l’indispensable, les opérateurs ont les cartes en main pour devenir plus vertueux sur long terme.

Save the date : conférence Pierucci

Neuf milliards de dollars d’amende pour la BNP, près d’un milliard pour Siemens, les entreprises européennes qui tombent sous le coup de l’extraterritorialité du droit américain sont de plus en plus nombreuses. Quel est l’état de la menace ? Comment s’y préparer ? Comment réagir lorsque l’on est mis en cause ? Ce sont autant de questions qui seront abordées lors de cette conférence.

Nous accueillerons, Frédéric Pierucci, ancien cadre dirigeant d’Alstom auteur du best-seller « Le Piège Américain » (lauréat du Prix des Nouveaux droits de l’Homme 2019) , accusé de corruption par le gouvernement américain en 2013 et détenu à ce titre vingt-cinq mois aux États-Unis.Maintenant à la tête du cabinet de conseils en compliance stratégique et opérationnelle IKARIAN et incontournable expert de ces questions, Frédéric nous livrera son expérience et ses conseils pour faire face à ces outils de guerre économique par le droit.

La conférence sera co-animée par Emmanuelle Hervé, fondatrice et directrice de EH&A Consulting, qui apportera son expertise dans le domaine de la gestion de crise. 

La conférence aura lieu dans Paris intra-muros et son suivi sera également possible en ligne.

INSCRIPTION ICI

Oeil de l’expert : Crise énergétique

Pénuries énergétiques de cet hiver : les entreprises sont-elles prêtes ?

Des « Délestage tournants » pour les entreprises », un scénario catastrophe annoncé par Elisabeth Borne, complétement inimaginable, il y a encore quelques mois. Décryptage.

EH&A Consulting – 

Hiver 2022-2023 : Une crise qui se confirme

« Les entreprises seront le fusible de la société. », Carlos Tavares.

La RTE (Réseau de transport d’électricité) avait déjà donné l’alerte en 2015 : entre 2020 et 2024, le réseau électrique français risque de subir une forte tension. La cause ? La malheureuse concomitance de la maintenance des centrales nucléaires et de la fermeture des centrales à charbon. Aujourd’hui, le risque se concrétise et l’arrivée de l’hiver fait craindre la mise en tension du réseau électrique français.

Le gestionnaire RTE avait vu juste, l’hiver 2022-2023 risque d’être compliqué. Comme prévu, la disponibilité du parc nucléaire français est plombée par la prolongation des maintenances, repoussées maintes fois dans le contexte du COVID, et les problèmes de corrosion. Une trentaine de réacteurs sur les 56 sont actuellement à l’arrêt : 12 pour corrosion et 20 pour des maintenances programmées. Et les énergies renouvelables françaises, en retard par rapport aux objectifs européens – 23% de la consommation finale brute contre 19,1% pour la France en 2020 -, ne suffiront pas à compenser.
La France pouvait jusque-là compter sur le gaz en cas de coup dur. Cependant, la guerre en Ukraine menace l’approvisionnement : 45% des exportations de gaz naturel de l’UE vient de Russie et l’invasion de l’Ukraine par cette dernière fait grimper les prix de l’énergie. Ultimement, l’UE craint une fermeture totale des robinets de gaz du fait de leur soutien à l’Ukraine. Gazprom a d’ores et déjà suspendu son approvisionnement à destination des fournisseurs européens.
En outre, la France présente une exception supplémentaire qui la rend plus vulnérable à la conjecture que ses voisins européens. Avec sa tradition nucléaire, elle occupe une position originale en Europe et arrive largement en tête avec 25% de son parc de logements existants chauffé à l’électricité (soit quatre fois plus que la moyenne européenne) et 70% pour les logements neufs. Dans l’hexagone, le chauffage consomme donc une grande part de l’électricité disponible durant l’hiver.

Si les citoyens ne devraient pas être affectés directement, les industries, elles, peuvent craindre pour leur activité. Pour Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, les entreprises seront le fusible de la société.   

Le sujet fait débat, en témoigne l’escarmouche entre Jean-Bernard Levy et Emmanuel Macron. D’après l’ex-président de EDF, le responsable de cette situation n’est autre que le gouvernement qui a fait le choix d’arrêter les centrales nucléaires. La prise de position publique de Jean-Bernard Levy n’a pas plu au Président E. Macron, qu’il a qualifiée de « faux et irresponsable ». 

Quelles entreprises peuvent craindre pour leur activité ? 

Les entreprises européennes sont prévenues. L’épée de Damoclès au-dessus d’elles est bien visible, et pour certaines, le fil qui la retient est plus que mince. En effet, on peut se douter que, comme durant l’épidémie de COVID, toutes ne connaitront pas le même sort. De ce point de vue, il dépendra de deux critères : leur localisation sur le territoire ainsi que leur connexion au réseau électrique, et leur consommation en énergie (gaz et électricité). À ce titre, trois régions sont concernées. En premier lieu, l’Île-de-France pourrait voir son approvisionnement mis en tension. En effet, sa consommation électrique est élevée mais elle ne compte pas un grand nombre de centres de production. De même, la Bretagne n’est alimentée que par une seule ligne et ne dispose que de peu de sources de production. Enfin, même si son interconnexion avec le réseau italien améliore sa situation, la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, pourrait également se retrouver en situation de tension.

Le gouvernement a d’ores et déjà prévenu qu’en cas de pénurie certaines industries seraient privilégiées. Si les établissements vitaux comme les hôpitaux et les opérateurs d’importances vitales (OIV) seront approvisionnées, les industries non-indispensables et gourmandes en gaz et en énergie pourraient se voir demander des faire des économies. Le ralentissement de leur activité pourrait être compensé par l’État. Selon Aloïs Kirchner, Spécialiste Industrie à l’Institut Montaigne, ce sont les usines de métallurgie et de pétrochimie qui ont le plus de risque de subir des pénuries : « pour l’électricité, cela peut concerner les industries productrices d’aluminium ou de silicium. Pour le gaz, cela concerne davantage les producteurs d’acier, de fonte, de ciment, de tuile ou de papier ». Pour le spécialiste, ce n’est pas moins de 5700 usines dont l’activité pourrait être affectée. À titre d’exemple, le fabricant Duralex va mettre son unique four en veille à partir du 1er novembre, et ce, pour 4 mois. Le PDG témoigne « Le prix de l’énergie représente habituellement 5 % à 7 % de notre chiffre d’affaires. Aujourd’hui, c’est de l’ordre de 40 %. Ce n’est pas tenable. »

Si les économies d’énergie sont à l’ordre du jour, elles le sont en vérité depuis longtemps. Le prix est dissuasif et les industries n’ont pas attendu la crise pour faire « la chasse au gaspi ».

L’ampleur de cette crise dépend de trois paramètres. D’abord, la rigueur de l’hiver est à observer. Un hiver long et froid causerait une hausse des besoins en énergie, notamment dû à l’augmentation de l’utilisation du chauffage. Ensuite, l’activité des entreprises françaises dépendra des stocks de gaz : bien que l’UE tente de diversifier ses sources d’approvisionnement, l’état des stocks dépend en majeure partie du bon-vouloir de la Russie. Les stocks français sont aujourd’hui à 90%, ce qui permettrait à la France de tenir deux mois lors d’un hiver normal. Enfin, on s’en doute, la disponibilité du parc nucléaire français jouera un rôle clé dans l’approvisionnement en électricité de la France.

La réponse apportée par le gouvernement devra donc être adaptée. Pour un hiver doux et court, des mesures volontaires comme la sobriété ou le retrait volontaire contre compensation pourraient suffire. Mais dans l’éventualité d’un hiver rude et le maintien d’un contexte géopolitique tendu, des mesures coercitives pourraient être mises en place : limitation ou lestage pur et simple, du gaz comme de l’électricité. Les conséquences seraient alors le ralentissement voire l’arrêt de la production, suivi d’une mise au chômage partiel pour certaines industries. La décision de Duralex, par exemple, va avoir des conséquences pour ses 250 salariés, avec la mise en place de mesures de chômage partiel.

Les crises ne produisent pas que des héros et ne touchent pas tout le monde de la même façon. Une majeure partie suera sang et eau pour maintenir leur production coute que coute.  Par sa nature, la crise énergétique est une aubaine pour certaines industries qui voient leurs profits exploser. Ce sont d’ailleurs ces entreprises qui cristallisent la frustration et le mécontentement de la population. Elles sont la cible de campagnes de bashing sur les réseaux sociaux. D’autres encore pourront voir la crise comme une opportunité. Déjà en difficulté avant la crise, pour des raisons structurelles ou autres, des entreprises pourraient renégocier des contrats ou licencier massivement, prétextant une mise en difficulté par la crise. 

Peuvent-elles s’y préparer ? Si oui, par quels moyens ?  

« La meilleure manière d’éviter le pire c’est de s’y préparer ». Roland Lescure, Ministre délégué chargé de l’Industrie

Afin d’éviter une situation de tension trop forte, de nombreux appels à la sobriété ont été lancé par le gouvernement ainsi que les entreprises du secteur énergétique dont TotalEnergies et EDF. D’autres chefs d’entreprise vont plus loin que la limitation de la consommation d’usage et prônent des « démarches d’économie circulaire, d’économie d’usage, de relocalisation, de régénération de la biodiversité, ou encore d’alignement des réductions carbone de l’entreprise avec l’accord de Paris ».

L’État, de son côté, prévoit de soutenir les entreprises et a déjà déployé un attirail d’aides financières. On peut citer, entre autres : 

  • La mise en place d’un bouclier tarifaire qui limite l’augmentation du prix de l’électricité à 4% pour les petites structures (moins de 10 employés et moins de 2 millions d’euros de chiffres d’affaires)
  • La réduction à son minimum légal de la Taxe Intérieur sur la Consommation Final d’Électricité pour les gros consommateurs d’énergie
  • Le développement de plans d’urgence pour les entreprises dont les dépenses en énergies (gaz et électricité) représentent une part élevée des charges et qui deviendraient déficitaires en 2022

Prévue à cet effet, l’interconnexion des réseaux électriques européens pourraient également servir de filet de sécurité en cas de fortes tensions. On pourra cependant questionner, par exemple, la volonté de l’Allemagne à brûler du gaz pour chauffer la France alors même que celle-ci souffre également de forte pénurie. 

Comme évoqué précédemment, un hiver rigoureux pourrait mettre en tension les industries énergivores. En conséquence, ces dernières ne peuvent pas se voiler la face et doivent se préparer à un tel scénario. 

Certaines d’entre elles anticipent la crise à venir, et l’UNIDEN (Union des industries utilisatrices d’énergie) a déjà sensibilisé ses membres à développer un plan d’économie d’énergie. Parmi ces mesures, on retrouve :

  • Le monitoring énergétique : suivi en temps réel des postes de consommations de l’ensemble des bâtiments d’une entreprise. Cette mesure s’inscrit dans une démarche d’amélioration continue de l’efficacité énergétique.
  • La sensibilisation et la formation du personnel à ces problématiques.
  • La planification : planifier l’utilisation des machines grandes consommatrices, afin que celles-ci fonctionnent en dehors des heures et des jours de pointes, est primordiale, de même que placer les arrêts judicieusement.
  • La ratification d’accords avec Ecowatt. À titre d’exemple, Carrefour a signé un accord avec le dispositif et s’engage à réduire intensité d’éclairage et chauffage lorsque l’application sonnera l’alerte. 

Une action coordonnée avec l’État est également de rigueur. À cet égard, les entreprises qui consomment plus de 5 giga wattheures par an ont été sollicitées par le gestionnaire RTE afin qu’elles fassent remonter les caractéristiques de leur consommation. Sobriété, retrait volontaire, mesures d’effacement : tout doit être fait pour lisser la consommation de l’industrie et éviter les pics. Une adoption généralisée de l’application Ecowatt, création du gestionnaire RTE, qui envoie des alertes en cas de tension sur le réseau, pourrait également permettre de responsabiliser particuliers comme industriels et éviter des coupures ciblées. Les coupures ciblées sont des coupures locales, maîtrisées et d’une durée maximale de 2h. Elles font partie des mesures qui pourraient être engagées en cas de pic de consommation.

Peut-on s’attendre à une récurrence de ce type de crise ?

L’énergie de demain semble se revendiquer autonome et verte. Mais demain, c’est loin, et ce n’est qu’en 2025 que la France pourra souffler de nouveau. D’ici là, les hivers resteront compliqués.

L’évolution de la guerre en Ukraine va bien-sûr jouer un rôle clé dans l’approvisionnement de la France en gaz mais les perspectives de résolution rapide du conflit semblent minces voire inexistantes et il y a encore beaucoup d’incertitudes.

Cependant, comme précisé par le gestionnaire RTE, la France devrait voir la lumière au bout du tunnel d’ici 2025. La fin de la période de maintenance du parc nucléaire, la mise en service du nouvel EPR de Flamanville ainsi que le rattrapage dans le domaine des énergies renouvelables (installation de parcs offshore et énergies renouvelables terrestre) devraient permettre à la France de retrouver une position quasi-confortable.

Le mot de l’expert : 

« En tant que chef d’entreprise, peut-être est-il temps de prendre la mesure de la crise qui vient et de comprendre l’importance de l’anticiper. Avez-vous déroulé vos scénarios du pire ? Et si la facture double ? Et si l’électricité est coupée dans votre région ? »

E&HA
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